Le Péloponnèse : De Monemvasia à Zante : 20 au 29 Août 2021

Oui, oui, oui… Nous prenons du retard dans nos publications…!

Il n’est pas évident de trouver le temps – et parfois l’énergie – de composer des articles pour relater nos aventures au fur et à mesure. C’est qu’entre les journées de navigation, l’école des enfants, nos expéditions et la simple gestion du quotidien, il n’est pas évident de se poser et de ralentir suffisamment pour écrire.

Nous allons donc essayer de changer un peu le format de nos publications afin de ne pas prendre trop de retard. À l’heure d’écrire ces lignes nous sommes déjà rendus aux Baléares…

Nous allons désormais essayer de nous concentrer sur les escales et les moments qui nous ont le plus marqués.

Pour nous suivre davantage au jour le jour, vous pouvez consulter nos fils Instagram et Facebook qui, eux, reprennent notre progression de façon plus assidue! Les publications Instagram sont d’ailleurs reproduites en bas de la page d’accueil du site! 

Nous décidons de partir de Poliegos en début de soirée afin d’effectuer notre première navigation de nuit. Une première pour l’équipage!  Tanguy a l’énergie et moi, je peux le soutenir, l’accompagner un temps puis me reposer tant que cela est possible pour ensuite prendre le relais des enfants qui se lèveront en pleine forme demain!

La navigation fut bonne et les conditions clémentes malgré des changements de vent (et donc des réglages de voiles) assez fréquents.

Nous arrivons à Monemvasia aux petites heures du matin après 13h de navigation (70 miles nautiques). La vue sur la ville fortifiée, installée au pied d’un énorme rocher, est surprenante. Du port la vue est magnifique!

Nous arrivons dans un petit port municipal. Les voisins plaisanciers nous aident à l’amarrage. Des Allemands, des Hollandais, des Norvégiens. L’ambiance sur le ponton est bienveillante. Les gens semblent se connaitre, se parlent, se saluent. Une belle petite communauté. C’est agréable.

Nous laissons Tanguy se reposer après la navigation de nuit et filons avec les enfants explorer les environs. Rapidement, nous apercevons une tortue dans le port. Elle est énorme! Elle joue sous les bateaux.

Des pêcheurs sont là sur le quai, ils reviennent de leur sortie matinale. Ils sont contents de nous voir et nous parlent. L’un d’eux parle un peu anglais et me dit qu’il connait le Canada. Ils sont contents de parler du froid, de la neige, de l’hiver. Ahaha c’est sur, c’est la matin et il faut déjà chaud sous un soleil de plomb. Que l’hiver ne nous manque pas! Ces rencontres fortuites, glanées au fil de nos marches exploratoires sont toujours agréables. Ce qui est drôle, c est que ces pêcheurs ne portent aucune attention à la magnifique tortue. Chacun sa vie, ses habitudes, ses valeurs et filtres. C’est toujours étonnant de constater que l’exotisme des uns n’est en fait que la routine des autres…!

Après une bonne sieste récupératrice, Tanguy est désormais “opérationnel” et nous filons visiter la vieille ville fortifiée. La cité est vraiment très impressionnante. L’enceinte est rectangulaire et s’appuie contre un énorme éperon rocheux. De loin la ville ressemble à une maquette. Nous pénétrons à l’intérieur des fortification par la seule et unique porte. Les ruelles sont étroites. Ça monte, ca descend dans tous les sens. Des passages improbables se révèlent au fur et à mesure des recoins explorés. C’est charmant.

Nous arrivons sur une belle petite place dont la vue surplombe la cité et la mer. Ce sera notre notre arret apero : Superbe! Apres cette bonne ballade de nuit, nous rentrons au bateau. Nous partirons tôt demain pour nous diriger vers Elafonisios

Après une belle navigation qui nous aura permis de contourner l’imposant cap Maleas sans trop d’encombres, nous ancrons dans la magnifique baie d’Elafonisios. En repensant à cette étape, une expression nous vient en tete : “Une image vaut 1000 mots”… 

Dès le lendemain, nous mettons le cap davantage vers l’Ouest et c’est le début d’un terrain encore inexploré pour notre capitaine et son équipage. Les conditions sont changeantes et s’améliorent grandement à l’approche de notre destination. C’est l’occasion pour Victor de prendre la barre. Il fait ça comme un grand et réussit à faire avancer le bateau au près avec un ris et la trinquette par un bon 18-20 nds de vent. Bravo Vito!

Nous passerons la nuit à Porto Kagio, une baie très bien protégée. On sent que ce lieu est loin des circuits touristiques. Cette escale est éloignée de tout et il y règne une atmosphère de bout du monde. Nous ne poserons le pied à terre que pour prendre un peu de hauteur autour d’un verre et admirer ce mouillage qui jadis fut un port assez important de part son emplacement stratégique. Le mouillage est cependant assez moyen avec une grande hauteur d’eau et une accroche très aléatoire sur du rocher plat descendant très rapidement… On a dèjà connu meilleur ancrage!

Là non plus nous ne nous attarderons pas très longtemps. Notre parcours est encore long et il nous faut avancer.

Direction Koroni!

Les conditions sont bonnes et c’est l’occasion de sortir la voile favorite du capitaine : le genaker. Cette voile est très polyvalente et surtout permet au bateau de bien avancer dans le vent faible. La toile est très légère et la surface très importante. Bref, une voile que l’on sort dès que possible et qui sauve des heures de moteur!

Sauf qu’une voile, ça prend les rayons UV et le sel marin en pleine figure pendant des semaines voire des mois… Et cela n’est pas bon pour la toile qui se fragilise avec le temps…

Ce qui devait arriver arriva et après de nombreuses années de bons et loyaux services le genaker a rendu l’ame sur l’étape Porto Kagio – Koroni… 

Notre arret à Koroni se révélera etre une tres belle surprise. Nous n’avions aucune attente mais nous avons découvert une petite ville très agréable et fort interessante.

Nous avons appris que la plage de l’autre cote de la pointe était un lieu important de ponte pour les tortues. Le lendemain de notre arrivée, nous avons donc mis le réveil assez tot (avant 8h c’est tot non?) et nous nous sommes rendus sur la dite plage où les tortues viennent enfouir leurs oeufs.

Dès leur découverte, les nids sont signalés et protégés des prédateurs par une équipe de bénévoles qui chaque matin parcourt la plage en quete de nouveaux nids.  Une belle leçon de sciences de la nature pour nos 2 têtes blondes du bord.

Nous sommes ensuite partis à la découverte des vestiges de l’ancienne ville forte dont les premieres traces remontent au temps de l’antiquité. La conservation du site n’est pas exceptionnelle mis à part une énorme salle circulaire dont la voute est soutenue par un pilier centrale. A quoi pouvait bien servir cet endroit…? Refuge en cas d’attaque ennemie? Poste d’observation? Entreposage d’armements ou de nourriture? Un bastion en quelques sortes?  Mais pourquoi un si grand volume?

Nos questions resteront sans réelles réponses mais cette découverte aura certainement attisée notre curiosité et nous aura impressionnés! 

Nous laissons Koroni dernière nous pour rejoindre Méthoni. Une vingtaine de miles nautiques tout au plus. Une petite journée de voile dans des conditions idéales!

Méthoni est une autre petite ville touristique dont le point d’intérêt principal est l’ancien château. Nous ancrons dans la baie, juste en face de cette vieille fortification. Le site est immense et plutôt bien conservé en comparaison de notre escale précédente. Nous explorons des souterrains qui s’enfoncent parfois profondément sous terre. Nous sommes toujours très impressionnés par l’énergie déployée au cours des siècles pour ériger ces murs, ces tours, ces tunnels, etc. Que de sueur – et de sang très probablement – pour se prémunir de possibles attaques ennemies…

C’est aussi lors de cette escale que nous activons notre forfait de téléphone satellite sur notre Iridium Go. La première grande traversée approche et cet outil de télécommunication nous permettra d’appeler pour donner des nouvelles mais aussi et surtout pour obtenir des fichiers météo à jour. Notre Iridium Go peut en effet recevoir des données utilisées par les logiciels de routage pour établir les trajectoires optimales… 

Ce boitier de communication nous permet aussi d’envoyer en temps réel notre position GPS. C’est notamment grâce à cela que vous pouvez suivre notre progression en direct dans la section carto

Nous avançons désormais assez rapidement sur cette côte de la Grèce. Une autre escale incontournable se présente à nous : Katakolo. Il s’agit d’un port donnant un accès facile et rapide au site d’Olympie. 

Le port n’est pas très accueillant de prime abord. Amarrage sur un long quai faisant face à un très grand stationnement pour voitures et autobus. Mais l’amabilité et l’efficacité du marinero  “Alessandro”  nous font vite changer d’avis. Il est aux “petits oignons” avec les plaisanciers et s’assure de répondre au moindre besoin des usagers. Par exemple, le jour de notre départ, Alessandro s’est démené pour nous procurer du carburant avec son propre véhicule afin que nous puissions partir à l’heure que nous nous étions fixée… Quel service! 

Nous avons profité de notre escale à Katakolo pour louer un véhicule et nous rendre sur le site d’Olympie, là où les premiers jeux olympiques ont été tenus. Nous avons opté pour la visite guidée en réalité virtuelle afin de rendre la chose un peu plus intéractive avec les enfants. On ne peut pas dire que cela ait été un grand succès… Les enfants se sont lassés assez rapidement des lunettes “VR” qui n’étaient pas tout à fait adaptés pour eux… Dommage et tant pis. On peut les comprendre : nous enchaînons les visites de “vieilles pierres” et nous réalisons que cela commence à faire beaucoup pour eux. Même les adultes commencent à avoir leur dose de vieux cailloux…! Nous avons tout de même réussi à profiter du lieu qui demeure un site exceptionnel! 

Ce dont se souviendront probablement le plus les enfants est la fête foraine qui se tenait sur le grand stationnement dont nous vous parlions un peu plus haut… Manèges pour petits et grands, tir à la carabine, pêche aux canards et autos tamponneuses! Nous n’avons pas résisté longtemps! Ce n’est peut être pas aussi pédagogique que la visite d’un site archéologique mais, il faut le reconnaitre, c’est bien plus amusant! Et, cerise sur le gâteau, aucune dent cassée!

Nous quittons le continent pour une dernière escale Grecque avant notre traversée vers l’Italie. Les réservoirs d’eau et de gasoil sont pleins. Le frigo aussi. Nous mettons le cap vers l’ile de Zante au Nord Ouest du Péloponnèse. 

Nous sommes quelques miles au large de Katakolo, le bateau file dans une légère brise. La mer est plate. Conditions parfaites. C’est alors que  nous apercevons nos premiers dauphins du voyage! Ils sont restés jouer autour du bateau une bonne vingtaine de minutes : magique et exceptionnel! Difficile de ne pas être un peu ému par un tel spectacle. Quelle chance nous avons de vivre de tels moments et de partager cela tous ensemble en famille!

Après cette rencontre incroyable en pleine mer, nous poursuivons notre navigation vers l’ile de Zante située au Nord Ouest de notre position. La nuit tombe alors que nous nous battons encore contre le vent. Une autre arrivée de nuit au mouillage. C’est presque comme si on y prenait goût…!

Nous découvrons les environs seulement le lendemain matin. Nous avons décidé de nous arrêter à cet endroit pour 2 raisons :

La première est que cela nous amène très proche du point de départ de notre traversée vers l’Italie.

La seconde raison est que nous sommes intrigués par la présence de sources de sulfure du coté de la plage de Xigia. 

Nous partons donc explorer les environs avec l’annexe. Les premiers signes de ces sources sous-marines sont une odeur d’oeuf pourri qui se dégage de l’eau. Cette odeur devient de plus en plus présente au fur et à mesure que nous nous rapprochons du rivage. Pas génial pour la baignade… Nous remarquons rapidement que l’eau devient trouble et blanchâtre avec beaucoup d’éléments en suspensions. Au même moment la température de l’eau chute brutalement… Le phénomène est saisissant et très surprenant!

Voici le reportage de nos envoyés très spéciaux sur le terrain!

Nous terminons notre exploration puis nous rentrons au bateau pour une dernière baignade loin des sources qui sentent mauvais. Ces sauts dans la grande bleue représentent nos derniers plongeons en Grèce. L’heure du départ vers l’Italie a été fixée à midi. 48 heures de navigation nous attendent.

C’est le coeur gros que nous quittons ce magnifique pays. En débutant notre périple par la Grèce, nous savons que la barre est mise très très haute et nous nous verrions bien rester bien plus longtemps ici…

Seulement voilà, notre projet ne fait que commencer et nous avons bien d’autres belles découvertes à faire. La perspective de faire de nouvelles rencontres, d’explorer de nouvelles terres inconnues et de relever de nombreux autres défis nous motive à hisser les voiles et à mettre le cap encore plus à l’Ouest! Nous vous en reparlerons dans le prochain article!

Emilie et Tanguy

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