Traversée Canaries – Cap-Vert

JOUR 1

Déjà 24h de mer et tout va bien !

 
Notre départ de Hierro aura été plus confortable qu’anticipé. Nous nous attendions à avoir des conditions plutôt musclées avec du vent en rafales et une forte houle soulevée par le vent des jours précédents… Finalement il n’en a rien été !
 
Nous nous sommes rapidement dégagés des iles et de leurs effets d’accélération. Notre configuration initiale “ 2 ris + trinquette ” un peu trop prudente a vite laissé sa place à la grande voile haute et au gennaker que nous avons gardés jusqu’au milieu de la nuit. Le vent très stable souffle entre 16 et 19 nds. La houle qui en résulte est peu prononcée (1.5m peut-être) et très longue. Le pilote automatique est en mode vent et garde un angle de 130 degrés avec le vent apparent. Avec le temps nous avons appris que c’est une des allures préférée de notre carène. Le bateau glisse et accélère bien dans les vagues. Pour le capitaine, c’est du bonheur en barre de naviguer dans ces conditions!
 
Hier soir le soleil s’est couché tôt et la lune nous a accompagnée une bonne partie de la nuit. Cela rend la navigation nocturne bien plus agréable et rassurante. Quelques étoiles filantes dans les cieux et un crépitement incroyablement intense du plancton bioluminescant dans le sillage du  “Fils du vent” : Dame Nature nous avait réservé tout un spectacle pour cette 1ère nuit en mer! Vers 3h du matin, le gennaker a eu le droit à une petite pause et la trinquette a pris le relais afin de laisser l’équipage se reposer. Quelle chance de s’endormir au son de l’eau qui s’écoule le long de la coque.
 
Si le capitaine est en excellente forme, le reste de l’équipage est toujours en mode “ajustement de l’oreille interne”. Malgré les médicaments contre le mal de mer, Marion a ouvert le bal des petits vomitos. Jusqu’à maintenant Emilie résiste bien. Victor, par contre, fait connaissance pour la toute 1ère fois du voyage avec le mal de mer. Etonnant après de si nombreuses navigations bien plus sportives que celle-ci… Mais cela devrait vite passer!
 
Ce matin, au lever du soleil le gennaker a repris du service. Les conditions sont toujours idéales. Le vent “refuse” un tout petit peu et nous garde sur un cap un peu trop Sud à notre gout. Le but du jeu des prochains jours va être d’aller chercher un peu d’Ouest afin d’améliorer notre angle au vent sur la fin de cette traversée… Notre moyenne de vitesse sur les 24 dernières heures est plutôt acceptable : 6,0 nds. 144 miles nautiques parcourus. Il n’en reste «que» 577 à couvrir…
Vitesse moyenne en 24h
0 nds
Distance parcourue sur 721 miles
144 miles

JOUR 2

Quel bonheur d’être en mer !

 
Les conditions actuelles sont parfaites! Soleil, +25c, le vent souffle à 15 nds du Nord-Est. La houle est longue et le bateau se fait gentiment pousser par les vagues. Le tableau arrière dandoline un peu dans cette mer légèrement moutonnée mais le pilote automatique permet de garder une belle trajectoire. 6 nds au compteur avec des pointes à 7-8 nds en bas de la vague. Configuration «ciseaux» depuis la nuit dernière.
 
Hier après-midi le vent nous a un peu lâché. 9-10 nds à l’anémo. Le ventilo s’est mis en pause pendant quelques heures nous laissant nous battre avec différentes configurations de voile pour avancer au mieux dans ces petits airs. Pas forcément facile de mettre de la pression dans les voiles alors que la houle joue au pendule avec notre mat… Les voiles battent dans les haubans au grès des oscillations. Le bateau n’aime pas ça… L’équipage non plus !
 
Tout le monde se porte bien à bord. Les repas passent bien chez tout le monde. Le moral est bon. Contrairement aux autres longues navigations tout l’équipage est en mesure de bien dormir et de se reposer. Victor qui fête ses 10 ans jeudi (le 16) n’en peut plus de compter les jours avant d’ouvrir ses cadeaux. Un peu d’ennui chez Marion aussi et cela se comprend. La navigation c’est aussi l’école de la patience! Emilie s’est plongé dans la lecture de «mon» livre : L’anomalie d’Hervé Le Tellier.
 
Aucune vie marine alentour. Pas un poisson volant, pas un oiseau, pas un dauphin ou autre… Quelques cargos croisés cette nuit, la plupart en provenance de l’Amérique du Sud et en direction de Gibraltar. Nous sommes passés proche d’un feu de navigation en fin de nuit. Pas de signal AIS, impossible de savoir de qui/quoi il s’agissait, nous l’avons rapidement perdu de vue. Peut-être un des voiliers qui, comme nous, traverse vers le Cap Vert ou les Antilles.
 
A 200 miles à l’Est, la côte du Sahara occidental. On se demande à quoi peut bien ressembler ce rivage. Nous serons bientôt à la même latitude que la Mauritanie, autre pays qui attise notre curiosité. Il nous reste 450 miles à parcourir avant d’arriver au Cap Vert. On arrivera quand on arrivera. Pour le moment, nous profitons de cette chance incroyable d’être en mer, libres et heureux de vivre des moments d’exception !
Vitesse moyenne en 24h
0 nds
Distance parcourue sur 721 miles
270 miles

JOUR 3

Jour 3 ! Ou 4…?!

On commence à perdre un peu la notion du temps. Peu importe. C’est même plaisant de décrocher et de ne pas se concentrer sur l’arrivée. Un jour à la fois !

La routine s’installe à bord et chacun arrive à combler ses journées sans trop de difficulté. Ecole, lecture, repos, cuisine, podcasts, musique, repas, films, jeux en famille, réglage des voiles, analyse météo… Le temps passe vite et l’absence d’interférences extérieures permet de se concentrer sur le moment présent.

Le soir nous avons mis en place un petit rituel. Nous prenons l’apéro alors que le soleil plonge derrière l’horizon. La vue est spectaculaire et imprenable ! Le pâté Hénaff sur petit toasts accompagné de ses pistaches de Grèce sont encore meilleurs que d’habitude !

Hier c’était douche pour tout l’équipage ! Femme et enfants dans la salle de bain. Le capitaine s’est payé une douche d’eau de mer prélevée directement à la source ! Un peu fraiche mais très revigorante !

Au cours des dernières 24h, nous avons réussi à gagner du terrain vers l’Ouest en passant une bonne partie du temps en “ciseaux”. Ce matin nous avons empanné pour changer de configuration et le gennaker est à nouveau de sortie ! Le vent ne nous permet pas encore de faire route directe mais on a réussi à bien accélérer. On est désormais dans les 6.5/7 nds de moyenne !

Nous avons aperçu 2 petits oiseaux. Même chose pour les navires croisés. La ligne de pêche a été mise à l’eau une grande partie de la journée. Sans succès… C’est un peu le désert par ici ! Après tout rien d’étonnant nous sommes aux abords du Sahara !

Vitesse moyenne en 24h
0 nds
Distance parcourue sur 721 miles
413 miles

JOUR 4

H+96

Avez-vous déjà éprouvé l’agréable sensation de rouler sur une route fraichement asphaltée…? Pas le moindre gravillon pour perturber la sensation de glisse sur le bitume encore chaud… Et bien, c’est un peu ce que nous connaissons en ce moment sur le “Fils du Vent”…

Le soleil est de plus en plus chaud au fur et à mesure que nous descendons au Sud… Le flux d’air est constant (une quinzaine de noeuds) du secteur Nord Nord-Est. Configuration ciseau tangonné puisque le vent refuse de nous offrir la route directe sous gennaker. La houle du Nord est ample et très longue. Le bateau glisse paisiblement sur cet asphalte bleu liquide. Un peu plus de 6 nds au compteur, des surfs à 7-8 nds… Petits Instants de grâce…

La nuit a été un peu moins confortable. Les Alizés ont fraîchi et nous avons avancé sous grande voile seule pendant un moment. En enroulant le génois pour réduire la toile, le capitaine a malencontreusement accroché la tirette de gonflage de son gilet de sauvetage… Pas de doute, le système fonctionne, plutôt bien même ! Cela surprend lorsque cela arrive à 4h du matin et que l’on n’a pas encore dormi de la nuit…

Nous progressons bien. Hier nous avons fait un très long bord sous gennaker. Moyenne de 7 nds. Le capitaine dit que “Ça envoyé du steak” quand ça avance bien comme ça! Cette nuit on s’est mis en parallèle à l’Ouest de la route directe théorique. On garde ce décalage sous le coude lorsque les conditions faibliront un peu (c’est prévu pour plus tard aujourd’hui) et que le ciseau actuel sera moins efficace. Le capitaine dit “qu’on passera alors à la caisse”…

La ligne de pêche est à l’eau depuis le lever du soleil ce matin. On a commandé un mahi-mahi. On attend la livraison avant le repas de ce soir. Quelques oiseaux se sont intéressés à notre rapala (leurre) aperçu du haut des airs. On espère simplement qu’on ne pêchera pas un oiseau avec notre ligne… On serait bien embêtés, à bord nous n’avons pas de recette pour cuisiner de la mouette. Par contre la recette de crêpes a eu un franc succès auprès de tout l’équipage hier. Miam !

Vitesse moyenne en 24h
0 nds
Distance parcourue sur 721 miles
541 miles

JOUR 5

Aujourd’hui est un grand jour!

Notre moussaillon Victor fête ses 10 ans !
C’est pas n’importe quoi dans une vie, 10 ans !

Hier soir, au large des côtes mauritaniennes, le capitaine était accompagné de son grand moussaillon pour le quart de début de nuit ensemble. Juste tous les 2 à observer les étoiles et la lune avec des jumelles alors que le plancton bioluminescent déchargeait ses éclats de vert dans le sillage du bateau. On a aperçu les mers de la Tranquillité et de la Sérénité, 2 mers lunaires aux abords desquelles le LEM d’Appolo 11 s’est posé. Nous aussi, hier soir sur le bateau, nous étions sur notre océan de tranquillité et de sérénité… Petits moments magiques!

La nuit a été paisible même si un peu inconfortable. Le ventilateur de ce coin d’Atlantique a eu quelques ratés et avec la houle du Nord, la grande voile battait pas mal dans les haubans. On a finit par affaler la GV et filer sous gennaker seul. On a quand même bien avancé et cela nous a permis de glisser avec un meilleur angle au vent. Une combinaison de voilure supplémentaire à rajouter au compte rendu de cette traversée. Nous avons aussi eu notre premier grain avec un peu de pluie. Cela aura eu le mérite de rincer un peu le pont et les voiles.

Aujourd’hui, pour célébrer les 10 ans de vie sur Terre et en mer de Victor, nous avons décoré le bateau et nous avons organisé une fête d’anniversaire à bord ! Ballons multicolores accrochés au portique arrière, cotillons, gâteau d’anniversaire, bougies… Il ne manque plus qu’à sabrer une bonne bouteille de bulles pour fêter cela comme il se doit ! Nous avons décidé d’attendre notre arrivée à Sal pour sortir le champagne mais après 88 jours d’attente insoutenable, Victor a enfin pu déballer ses cadeaux. Soulagement !

Cette navigation touche à sa fin. Nous prévoyons notre atterrissage en milieu de soirée. Nous visons la baie de la Palmeira. Même si nous avons très hâte de découvrir Le Cap-Vert, nous avons adoré ces quelques jours sur l’eau hors du temps et un peu hors du monde. Nous sommes privilégiés de vivre ces moments d’exception. Cette navigation ferme aussi un peu le second chapitre de cette aventure en voilier : la descente de l’Atlantique. La prochaine étape, et pas la moindre, verra le bateau mettre le cap à l’Ouest pour la grande traversée!

“Allo la terre, ici le “Fils du Vent”, demande autorisation d’atterrissage, over”

L’équipage du “Fils du Vent”

Vitesse moyenne en 24h
0 nds
Distance parcourue sur 721 miles
683 miles

Tanguy

3 réponses

  1. Bravo à la petite famille de marins et bon anniversaire à Victor.
    Bon vent, belle mer et beaux rivages pour la suite du périple nautique.
    Pascal et Nicole

  2. Allo les copains!
    Bonne année du Canada! Continuez votre belle aventure! on vous embrasse. vos boites vont bien!

  3. Un joyeux anniversaire au moussaillon Victor et une grosse bise à la moussaillone Marion !
    Bonne traversée !

Les commentaires sont fermés.

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